Commentaires sur la politique monétaire suisse

Thomas Jordan, président de la Direction générale

106e Assemblée générale ordinaire des actionnaires de la Banque nationale suisse, Berne, 25.04.2014

Le contexte reste très difficile pour la politique monétaire suisse. Avec des taux d'intérêt proches de zéro et un franc qui se maintient à un niveau élevé, le cours plancher demeure, pour la Banque nationale (BNS), l'instrument central afin de garantir des conditions monétaires adéquates. Une appréciation du franc entraînerait un danger de déflation.

La BNS s'attend à ce que l'économie suisse progresse d'environ 2% en 2014. Cette croissance sera portée par la demande intérieure et, de plus en plus, également par la demande extérieure. Dans ce contexte, il faut s'attendre à une reprise des investissements et, au cours de l'année, à une légère baisse du chômage. La sous-utilisation actuelle des capacités de production continue de freiner la croissance des prix à la consommation en Suisse. Le recul du renchérissement à l'étranger et le léger renforcement du franc exercent un effet similaire, en atténuant la hausse des prix des biens importés. La prévision d'inflation de la BNS montre qu'il n'y a pas de risques d'inflation dans un avenir proche. En 2014, le renchérissement ne devrait s'établir qu'à 0%.

L'impact de l'environnement international sur la Suisse reste empreint de fortes incertitudes. Bien qu'il n'ait plus été nécessaire, depuis l'automne 2012, d'acheter des devises pour faire prévaloir le cours plancher, le danger subsiste que le franc, perçu comme une valeur refuge, fasse de nouveau l'objet de pressions à la hausse. Les taux d'intérêt à court terme sont proches de zéro. Aussi le cours plancher constitue-t-il l'instrument approprié pour prévenir un durcissement inopportun des conditions monétaires, et garantir ainsi la stabilité des prix.

Dans le même temps, la BNS estime que l'évolution actuelle des marchés hypothécaire et immobilier en Suisse représente un risque pour la stabilité du système financier. C'est pourquoi elle a demandé au Conseil fédéral, pour la première fois en 2013, d'activer le volant anticyclique de fonds propres, puis de le relever début 2014. S'il a certes été possible de freiner quelque peu l'essor des marchés hypothécaire et immobilier, les données disponibles à ce jour pour le premier trimestre 2014 n'incitent toujours pas à lever l'alerte. Mais il manque encore des données importantes pour obtenir une vue d'ensemble. C'est pourquoi il est trop tôt pour se livrer à une évaluation définitive de l'évolution récente.

La BNS continuera d'examiner régulièrement si le niveau du volant de fonds propres doit être adapté. En outre, les autorités travaillent à la concrétisation de mesures visant à contrer de manière ciblée les risques liés à la capacité financière des emprunteurs.