La politique monétaire aux prises avec la crise financière

Thomas Jordan, membre de la Direction générale

State Street Global Advisors (SSgA) Prima Talk, Zurich, 06.05.2009

La crise qui sévit sur les marchés financiers internationaux a entraîné l’effondrement de la conjoncture mondiale. Immanquablement, l’économie suisse a elle aussi été frappée par le marasme financier. La BNS a réagi en assouplissant fortement sa politique monétaire et en pratiquant de fait une politique de taux zéro.

En recourant à trois mesures non conventionnelles – augmentation du nombre de pensions de titres à plus long terme, achat d’obligations en francs de débiteurs privés et achat de devises sur le marché –, la BNS a su préserver sa capacité d’action dans une période caractérisée par la politique de taux zéro. Le premier bilan de ces interventions est positif. Les primes de risque sur les marchés de l’argent et des capitaux sont en léger repli. La tendance du franc à s’apprécier par rapport à l’euro a pu être contenue sur fond de baisse de la volatilité. La levée des pressions à la hausse sur le franc est une assurance contre les risques de déflation en Suisse.

L’économie helvétique connaît actuellement la crise la plus aiguë depuis le milieu des années 70. Si la situation économique se redresse chez nos principaux partenaires commerciaux et que les marchés financiers entament une phase de stabilisation, le creux conjoncturel devrait être aussi franchi en Suisse au cours de l’année 2010. A l’étranger, on a récemment observé les premiers signes annonciateurs d’une certaine stabilisation de la conjoncture. Les mesures engagées par la BNS devraient limiter le risque de déflation en Suisse.

En vue du maintien de la stabilité des prix, une question est capitale: la définition du moment idéal pour abandonner la politique actuelle de taux zéro. La résorption des liquidités, d’une réalisation rapide et facile sur le plan technique, est toutefois extrêmement délicate à mettre en œuvre dans la pratique. Compte tenu de l’incertitude particulièrement forte qui pèse à l’heure actuelle sur les modèles économiques, il est fondamental que l’appréciation portée par les responsables soit juste. Par ailleurs, la fermeté sera de mise face aux pressions politiques afin de prendre en temps voulu des mesures correctrices impopulaires, mais néanmoins nécessaires.