Croissance des crédits: jusqu'où ira-t-elle?

Jean-Pierre Danthine, vice-président de la Direction générale

ICMB, Genève, 16.04.2013

Le volume des crédits s'est fortement accru ces dernières années en Suisse, si bien que sa part dans le produit intérieur brut (PIB) a atteint de nouveaux sommets historiques. Conjuguée à la hausse constante des prix immobiliers, cette situation favorise des conditions risquant de menacer la stabilité financière. Comment pouvons-nous expliquer les développements récents au niveau du volume des crédits? Ces raisons peuvent-elle nous permettre de formuler des hypothèses sur l'évolution probable de cette variable en Suisse?

Il est évident que la part des crédits dans le PIB ne peut pas augmenter indéfiniment: le service de la dette finirait autrement par absorber l'intégralité du PIB. L'évolution récente doit donc être considérée soit comme un ajustement structurel vers un nouveau plateau, soit comme un redressement de nature cyclique qui sera suivi d'une correction.

S'il est possible que des facteurs structurels expliquent la part élevée des crédits dans le PIB suisse en comparaison internationale, il est peu probable qu'ils soient à l'origine de la progression observée récemment. Par contre, le rôle de facteurs conjoncturels semble bien plus apparent. C'est notamment le cas de la période prolongée de taux d'intérêt historiquement bas, qui alimente la hausse des prix de l'immobilier tout en étant renforcée par celle-ci, dans un contexte où existe un potentiel pour des comportements non rationnels.

Les leçons que l'on peut tirer de cette analyse sont évidentes. En Suisse, les évolutions récentes sur le marché des crédits se traduisent par une situation de grande vulnérabilité qui exige prudence et responsabilité de la part de tous les acteurs concernés. L'activation du volant anticyclique de fonds propres et l'adoption d'autres mesures prudentielles doivent être considérées dans cette perspective.