Banques centrales: un rôle en mutation ?

Thomas Jordan, vice-président de la Direction générale

Welcome Event Master of Banking and Finance, Saint-Gall, 22.09.2010

La croissance économique stable et le faible niveau d’inflation des deux dernières décennies n’ont pu empêcher la formation de déséquilibres abyssaux au sein du système financier mondial. La récente crise économique et financière l’a illustré avec force. L’environnement économique a subi des bouleversements d’une intensité telle qu’ils ont eu des répercussions sur les activités des banques centrales, dont l’objectif prioritaire est et reste le maintien de la stabilité des prix.

La crise a montré que les banques centrales disposent d’instruments efficaces pour lutter contre les conséquences négatives des crises financières. A cet égard, bien que les mesures dites non conventionnelles aient également fait leurs preuves, le coût de la crise reste élevé. L’un des principaux enseignements à en tirer est qu’il faut davantage mettre l’accent sur la prévention des crises afin d’assurer une meilleure stabilité des systèmes financiers. Les instruments de politique monétaire ne pouvant contrecarrer la formation de déséquilibres financiers que de façon restreinte, une autre approche est nécessaire. Le renforcement de la réglementation macroprudentielle – laquelle tient compte du risque systémique inhérent au secteur financier et met en œuvre des mesures visant à le juguler – constitue précisément une option intéressante. Les expériences réalisées jusqu’ici avec ce type de réglementation sont toutefois limitées. C'est pourquoi il est crucial que la mise en œuvre de ces dispositifs soit progressive, mûrement réfléchie et s’inscrive dans un horizon temporel suffisamment large. Il convient dans un premier temps de définir clairement des mandats et des objectifs réalistes et d’évaluer les instruments envisageables. Par ailleurs, la collaboration entre les autorités concernées, tant au niveau national qu’international, doit impérativement jouer un rôle central.

Au total, il faut donc créer les bases nécessaires pour lutter suffisamment tôt contre les instabilités financières naissantes au moyen de mesures ciblées, qui viendront pour ainsi dire compléter les instruments de politique monétaire. Ainsi, la Banque nationale pourra contribuer de façon optimale à la réalisation simultanée de ces deux objectifs – stabilité des prix et stabilité financière – dans les meilleures conditions.