Politique monétaire et conjoncture en Suisse

Thomas Jordan, membre suppléant de la Direction générale

BTV et Österreichischer Gewerbeverein, Vienne, 30.01.2006

En 2005, la conjoncture s'est sensiblement améliorée en Suisse. Ce dynamisme a découlé en particulier de la consommation privée, des investissements en constructions et du commerce extérieur. Les perspectives restent favorables pour 2006 également. La Banque nationale table sur une croissance du produit intérieur brut réel légèrement supérieure à 2%. Etant donné la croissance robuste de l'économie mondiale et les relations de change favorables, la demande étrangère restera vraisemblablement vigoureuse. Les investissements en biens d'équipement devraient augmenter fortement du fait surtout d'un besoin de rattrapage. En outre, une amélioration de la situation sur le marché du travail et des revenus réels en progression devraient stimuler la consommation privée. La construction, par contre, devrait stagner à un niveau élevé.

Bien que le prix du pétrole ait fortement augmenté, l'inflation est restée en Suisse dans la zone qui correspond à la stabilité des prix. L'évolution de l'inflation sous-jacente indique qu'il ne devrait guère y avoir d'effets importants de second tour. La prévision d'inflation de la Banque nationale suisse (BNS) montre qu'il n'existe, à court terme, aucun danger pour la stabilité des prix. Cependant, une politique monétaire toujours expansionniste entraînerait, avec le temps, une hausse sensible de l'inflation. La BNS continuera par conséquent à normaliser graduellement sa politique monétaire. Le rythme et l'ampleur de la normalisation dépendront de l'évolution économique. Etant donné les perspectives favorables en matière d'inflation, la BNS est en mesure de se rapprocher prudemment du niveau neutre des taux d'intérêt, niveau qui est sans doute plus bas actuellement qu'autrefois. Ce faisant, elle continuera à mener une politique monétaire autonome.

Les principaux risques qui pèsent aujourd'hui sur la conjoncture viennent d'une possible augmentation du prix du pétrole, d'une forte baisse du dollar et d'une substantielle hausse des taux d'intérêt à long terme. Les perspectives conjoncturelles favorables ne doivent pas entraîner un fléchissement des efforts en vue de résoudre les problèmes structurels de la Suisse. Seule une mise en œuvre résolue des réformes structurelles peut remédier à la croissance, longtemps insuffisante.