La gestion des actifs par les banques centrales - Un cas particulier?

Philipp Hildebrand, membre de la Direction générale

Universite de Saint-Gall, Saint-Gall, 05.12.2003

La gestion des réserves monétaires constitue, après la politique monétaire, une autre tâche importante de la Banque nationale suisse (BNS). Les engagements ne pouvant être mesurés avec précision, il est impossible de fixer exactement le montant optimal que les réserves monétaires d'un pays doivent atteindre. Selon le modèle du «buffer stock», le montant des réserves monétaires doit être déterminé, comme le choix d'une assurance, par la probabilité d'une crise, par la contribution qu'elles peuvent fournir en vue de maîtriser ou d'éviter une crise et par les coûts d'opportunité de leur constitution. Tant les enseignements tirés de ce modèle que des comparaisons internationales montrent que les réserves monétaires de la Suisse se situent à un niveau raisonnable. A long terme, la constitution de réserves monétaires doit être régie en fonction d'objectifs clairs. En Suisse, c'est la croissance du PIB nominal qui sert de donnée de référence.

La politique de placement de la BNS obéit à des critères de sécurité, de liquidité et de rendement. La nouvelle loi sur la Banque nationale permettra à l'institut d'émission de mieux adapter le profil des placements à ses besoins et, partant, de réduire les coûts d'opportunité de la constitution de réserves. La complexité plus grande des tâches de placements accroît également les exigences dans le domaine du gouvernement d'entreprise. Comme le secteur financier privé, les banques centrales - au nombre desquelles figure aussi la BNS - ont professionnalisé leurs processus en matière de placements et de contrôle des risques, mais aussi amélioré les informations qu'elles sont tenues de fournir au public. Du fait d'un plus grand professionnalisme, notamment en raison de l'évaluation au prix de marché, les bénéfices de la BNS sont plus volatils que précédemment. Afin d'assurer l'indépendance de la politique monétaire et de ne pas restreindre la marge de manœuvre de la politique de placement, la distribution annuelle des bénéfices de la BNS doit rester, comme cela était déjà indiqué dans le message du Conseil fédéral concernant la révision de la loi sur la Banque nationale, une grandeur restante variable, non liée à une affectation obligatoire.