Politique monétaire en période de crise: pourquoi les banques centrales se concertent-elles?

Thomas Jordan, président de la Direction générale

Energie-Apéro Etavis, Zurich, 14.05.2012

Les différences observées dans les mandats attribués aux banques centrales, au niveau des structures économiques et des cycles conjoncturels, justifient une politique monétaire autonome dans chaque espace monétaire. Si cette autonomie a également fait ses preuves dans notre pays lors de la dernière crise, elle n'empêche pas les banques centrales de collaborer de différentes manières. Par un échange continu d'informations, ces dernières améliorent leurs bases de décision en matière de politique monétaire. En outre, grâce à des accords de swap, elles ont accès à des monnaies étrangères, ce qui facilite, en période de crise, les interventions pour contrer un manque de liquidités sur les marchés financiers. Enfin, leurs mesures concertées ont un puissant effet psychologique, car elles signalent aux marchés financiers et aux acteurs économiques que les banques centrales parlent d'une seule et même voix.

L'autonomie et la collaboration ne sont pas contradictoires. Au contraire: lors d'une crise, une bonne collaboration soutient et renforce les effets des mesures de politique monétaire prises de manière autonome. Cela s'applique tout spécialement à une petite économie ouverte comme la Suisse, où l'efficacité de telles mesures peut dépendre notablement de leur acceptation au niveau international. Un exemple important pour notre pays est le cours plancher: il s'agit d'une mesure exceptionnelle prise par la Banque nationale suisse dans une situation extrême pour faire face à des distorsions sur le marché des changes dues à des événements internationaux. Le cours plancher est accepté au-delà de nos frontières car les marchés, les organisations internationales et les banques centrales étrangères ont compris tant l'objectif poursuivi que les raisons qui le sous-tendent, et reconnaissent sa légitimité.