Politique monétaire: les défis actuels de la Banque nationale suisse

Thomas Jordan, membre de la Direction générale

Apéritif "Marché monétaire", Zurich, 27.03.2008

Tablant sur une croissance du produit intérieur brut de 1,5% à 2% et sur un taux d'inflation moyen de 2%, la Banque nationale affiche un optimisme prudent en ce qui concerne la conjoncture suisse en 2008. L'environnement international s'est toutefois nettement détérioré depuis l'été dernier. En effet, les marchés financiers traversent une crise profonde, la croissance économique se tasse dans d'importants pays et les taux d'inflation sont en hausse partout dans le monde. La Banque nationale doit donc relever plusieurs défis de politique monétaire.

En ce qui concerne la croissance économique, le défi consiste, pour la Banque nationale, à évaluer le plus précisément possible les conséquences de la crise financière internationale sur la conjoncture en Suisse et à déterminer, suffisamment tôt et correctement, l'incidence de cette crise sur la politique monétaire. Sur le front de l'inflation, le défi est de veiller, en dépit des mesures prises en rapport avec la crise sur les marchés financiers, à ce que l'ancrage des anticipations inflationnistes et la crédibilité de la politique monétaire axée sur la stabilité des prix à long terme ne soient pas compromis. En outre, sur le marché monétaire, la Banque nationale doit s'efforcer de maintenir le Libor à trois mois aussi près que possible de l'objectif visé, malgré la volatilité des primes de risque et des anticipations de taux d'intérêt, et de contribuer au bon fonctionnement du marché monétaire par ses opérations et par le choix de ses instruments.

Bien que des innovations aient été apportées à la panoplie des instruments de politique monétaire, la Banque nationale ne dispose que de possibilités limitées dans l'environnement complexe actuel. Il n'est notamment pas possible pour les banques centrales de rétablir aisément la confiance parmi les intervenants sur les marchés financiers. Pour surmonter la crise sur ces marchés, il est donc indispensable que les banques et les autres opérateurs s'efforcent eux aussi, par des mesures susceptibles de donner confiance, d'assurer de nouveau le bon fonctionnement des marchés.