Importance, vulnérabilité et capacité de résistance de l'infrastructure des marchés financiers

Niklaus Blattner, membre de la Direction générale

Conférence du SIBOS, Genève, 30.09.2002

Le secteur financier, aujourd'hui mondialisé, a enregistré à long terme un accroissement impressionnant de son importance. Cet accroissement a été obtenu grâce à l'intégration des marchés et au progrès technique. Tous deux ont permis une réduction considérable des coûts de transaction et une expansion des marchés.

Chaque transaction engendre finalement un transfert d'argent. Entre la phase de négoce et celle de règlement, un système au moins de l'infrastructure des marchés financiers intervient habituellement. Les autorités de surveillance veillent à la sécurité de ces systèmes.

Les événements du 11 septembre 2002 ont incité le secteur financier ainsi que les autorités de surveillance et de contrôle à réexaminer leur position face aux questions de sécurité. Aussi la vulnérabilité et la capacité de résistance du système financier font-elles actuellement l'objet d'une réévaluation. Trois causes principales de vulnérabilité ont été identifiées: la concentration économique, la concentration géographique et l'interdépendance des systèmes. De par leur nature, les réseaux peuvent être des vecteurs de crises systémiques, mais aussi la cause de telles crises.

Prendre conscience de la vulnérabilité des systèmes amène à exiger de nouveaux et substantiels investissements en vue de renforcer la résistance des systèmes. La gestion de crises, par exemple, est une tâche exigeante qui concerne les entreprises du secteur privé, les infrastructures des marchés financiers ainsi que les autorités de contrôle et de surveillance. Sans une collaboration entre toutes les parties concernées, la gestion de crises ne peut être efficace. Les investissements en vue de renforcer la capacité de résistance sont onéreux. Mais, si l'on refuse d'en payer le prix, on ne peut profiter des avantages de l'importance accrue du secteur financier. Si le prix n'était pas payé, l'accroissement de l'importance ne serait pas durable. Il n'existe pas de système financier stable qui ne soit pas très résistant dans des conditions de crise.

La capacité de résistance des prestataires de services financiers en général et de l'infrastructure des marchés financiers en particulier figure en tête de l'ordre du jour des autorités de régulation. Les pouvoirs publics contribuent au renforcement de la capacité de résistance du système financier; ils entendent dès lors que le secteur privé en fasse autant. Dans la mesure où les pouvoirs publics sont disposés à intervenir comme coordinateurs avant et pendant les phases de crise, mais aussi finalement comme prêteur en dernier ressort ("lender of last resort"), ils veulent aussi que le secteur privé prenne une part active au renforcement de la capacité de résistance et à la prévention des crises. La responsabilité de la stabilité du secteur financier est ainsi une affaire commune.