Des défis pour la Suisse en tant que centre financier

Thomas Jordan, président de la Direction générale

Forum NZZ Capital Market, Zurich, 03.09.2012

Le secteur financier en général, et en particulier un secteur bancaire sain et stable, sont d'une importance capitale pour la Banque nationale suisse (BNS) comme pour notre pays. D'une part, parce que le secteur bancaire est essentiel pour la transmission de la politique monétaire, du fait de son rôle clé d'intermédiaire financier dans l'économie. D'autre part, car le secteur financier contribue de manière substantielle à la richesse de notre pays. Mais les banques peuvent également propager des chocs aux autres secteurs de l'économie, chocs susceptibles de prendre une grande ampleur du fait de l'importance du secteur financier et de son ouverture sur le marché international. C'est pourquoi la Suisse en tant que centre financier doit s'assurer que le secteur bancaire est suffisamment résilient pour amortir de tels chocs.

Le secteur financier suisse doit par ailleurs faire face à de nombreux autres défis. D'abord, les revenus de la gestion de fortune resteront faibles. La concurrence s'intensifiera, et le secteur devra s'adapter à de nouveaux changements dans les normes internationales. Ensuite, si les déséquilibres continuent de s'accentuer dans l'immobilier résidentiel, une forte correction de prix pourrait s'ensuivre. Enfin, les banques d'importance systémique doivent s'adapter à de nouvelles exigences réglementaires relatives à la problématique du too big to fail. L'atténuation des risques systémiques a déjà permis d'accomplir de grands progrès en vue de renforcer la résilience du système bancaire. Parmi ces progrès, il faut mentionner l'introduction du volant anticyclique de fonds propres. Cet instrument souple augmente la capacité du système bancaire d'absorber des pertes et permet de prévenir la formation de déséquilibres.

Une banque centrale indépendante et œuvrant à la stabilité est une condition nécessaire à la compétitivité et au dynamisme d'un centre financier. Cette condition est toutefois loin d'être suffisante. Encore faut-il que les banques parviennent à tirer les conclusions qui s'imposent et à adapter à temps leur orientation - une aptitude que les banquiers suisses ont démontrée au fil de l'histoire.