La politique monétaire actuelle et son importance pour l’économie réelle

Thomas Jordan, vice-président de la Direction générale

Generalversammlung der Aargauischen Industrie- und Handelskammer, Wettingen, 20.05.2010

Actuellement, les défis auxquels doit faire face la Banque nationale suisse (BNS) dans la conduite de sa politique monétaire restent très grands: d’une part, sur un fond de reprise économique amorcée depuis le milieu de 2009, il subsiste un risque de tendances inflationnistes et de formation d’une nouvelle bulle, en raison de la politique monétaire momentanément trop expansionniste à long terme. D’autre part, certains risques non négligeables de ralentissement demeurent ou réapparaissent, qui sont principalement liés à l’évolution future de la crise de la dette en Europe. Si cette situation venait à se dégrader, la Suisse se retrouverait confrontée à des risques récurrents de déflation et de récession ainsi qu’au danger d’une nouvelle déstabilisation du système financier international. Entre ces risques de nature opposée, la BNS doit trouver le bon dosage. Car la topographie peut changer d’un moment à l’autre, en fonction du risque prédominant. Cependant, avec sa stratégie de politique monétaire axée sur la stabilité des prix, la Banque nationale suisse est bien armée pour affronter ces défis.

Quelles conséquences les mesures mises en œuvre en vue de maîtriser ces défis ont-elles sur l’économie réelle à court et à moyen terme? Une chose est sûre: La politique monétaire est trop restrictive pour certains pans de l’économie et trop expansionniste pour d’autres. Mais il ne peut y avoir en Suisse qu’une seule politique monétaire. Aussi doit-elle se concentrer sur l’économie dans son ensemble. Assurer la stabilité des prix à moyen et à long terme lui permet de trouver le bon dosage. Toutefois, grâce à sa stratégie de politique monétaire suffisamment souple, la BNS est en mesure de réagir de façon optimale aux incertitudes entourant l’évolution conjoncturelle ou la situation sur les marchés financiers et des changes, tout en préservant sa crédibilité. C’est en effet pour elle le seul moyen de remplir au mieux, à long terme, la tâche que lui ont prescrite la loi et la Constitution, à savoir conduire la politique monétaire dans l’intérêt général du pays.