Enseignements tirés de la crise pour l’infrastructure des marchés financiers internationaux

Philipp Hildebrand, vice-président de la Direction générale

Symposium de Zermatt, Avenir Suisse, Zermatt, 25.08.2009

Le système financier ne pourrait fonctionner sans l’infrastructure des marchés financiers. Il dépend en effet des bourses, des plates-formes de négoce et des systèmes, situés en aval, destinés à la compensation et au règlement des paiements et des opérations sur instruments financiers. Jusqu’ici, cette infrastructure a fait ses preuves depuis le début de la crise financière. A aucun moment elle n’a contribué aux incertitudes qui pesaient sur le système financier. Ce constat vaut aussi bien pour les systèmes de paiement et de règlement en Suisse que pour l’infrastructure des marchés financiers internationaux.

Cependant, il apparaît parfois que l’infrastructure destinée à la compensation et au règlement des opérations ne parvient pas à suivre le rythme rapide auquel évoluent les marchés financiers. Le cas s’est présenté dernièrement avec les produits dérivés négociés hors bourse. Il a fallu attendre que les autorités de surveillance et les banques centrales accentuent leur pression pour que les acteurs du marché se décident à mettre en place une infrastructure plus sûre et plus efficiente pour les opérations portant sur ces produits. De tels efforts visent en partie à instituer des partenaires centraux pour aider les acteurs du marché dans leur gestion des risques, pour rendre le marché plus transparent et pour réduire la complexité du système financier.

L’importance de ce dernier point – réduire la complexité du système financier grâce à des contreparties centrales – ne doit pas être sous-estimée en considération de l’agenda des réformes internationales prioritaires. L’existence d’établissements financiers réputés «too big to fail» ou «too interconnected to fail» constitue l’un des problèmes majeurs qui devront être résolus dans les années à venir. Il demande une stratégie à plus long terme, destinée à permettre que de tels établissements puissent à l’avenir être liquidés suivant une procédure ordonnée. Une infrastructure réduisant les interdépendances entre les différents établissements financiers représente un élément clé d’une telle stratégie.

Il incombe en premier lieu aux exploitants des systèmes et aux acteurs du marché d’assurer en tout temps le bon fonctionnement des systèmes de paiement et de règlement et de faire en sorte qu’ils répondent aux besoins du secteur financier. Les tâches de l’Etat et de ses autorités de régulation sont subsidiaires. L’Etat doit avant tout définir des principes directeurs, en particulier pour les infrastructures déterminantes à l’égard de la stabilité du système financier. De plus, les autorités de régulation compétentes devront intervenir plus rapidement que jusqu'ici, dans les cas manifestes de défaillance du marché, et obliger les acteurs du marché à développer rapidement des solutions appropriées. Pour que l’infrastructure des marchés financiers continue de concilier innovation et stabilité, il convient de trouver l’équilibre adéquat entre responsabilité individuelle dans l’économie de marché et interventions de l’Etat.