La politique monétaire tiraillée entre inflation et croissance

Thomas Jordan, membre de la Direction générale

Swiss Venture Club, Assemblée générale 2008, Hotel Bellevue Palace, Berne, 02.09.2008

Les banques centrales, après plusieurs années de calme, se trouvent actuellement confrontées aux défis posés par différents facteurs simultanés: le tassement de la conjoncture à l’échelle mondiale, les prix élevés des matières premières et la persistance de la crise sur les marchés financiers. Grâce à une consommation toujours robuste, à des carnets de commandes bien garnis et à une situation de plein emploi sur son marché du travail, la Suisse est relativement bien positionnée en comparaison internationale. En outre, par rapport aux autres pays, elle bénéficie de taux d'inflation bas et son marché immobilier n’est guère affecté par des excès.

Toutefois, l'affaiblissement de la conjoncture internationale devrait tôt ou tard toucher également la Suisse. En particulier le ralentissement économique qui se profile actuellement en Europe pourrait freiner significativement la conjoncture en Suisse par le biais d’un recul de nos exportations. En outre, la morosité des marchés financiers risque d‘influer négativement sur la création de valeur dans le secteur financier. La relative stabilité du cours du franc devrait, en revanche, continuer de soutenir nos exportations.

Le récent rebond de l’inflation en Suisse, qui s’est inscrite à plus de 3%, est principalement dû à des effets primaires, à savoir aux conséquences directes de l’envolée des prix du pétrole. Si, conformément aux attentes, les effets secondaires restent limités, le taux d’inflation devrait retomber en dessous du seuil des 2% dans le courant de 2009 et les anticipations inflationnistes à long terme devraient se maintenir à un bas niveau. Dans ce cas, la politique monétaire actuelle est appropriée. Par contre, si l’inflation ne se replie pas comme prévu en raison d’effets secondaires, la BNS devra contrer cette évolution afin de garantir la stabilité des prix