La politique monétaire dans un climat d'incertitude accrue

Thomas Jordan, membre de la Direction générale

Apéritif "Marché monétaire", Genève, 01.11.2007

Les incertitudes concernant l'ampleur et la répartition des pertes dues à la crise des prêts hypothécaires „subprime“ aux Etats-Unis ont créé de fortes tensions sur les marchés financiers. Il existe en particulier des doutes sur l'évaluation correcte de certains titres négociables et produits structurés basés sur des hypothèques subprime. La demande de liquidité a fortement augmenté. A certains moments, la crise de confiance des intervenants financiers était si prononcée que certains marchés n'ont plus du tout fonctionné. Une nouvelle évaluation des risques a provoqué une hausse des primes de risque de la plupart des instruments financiers.

Pour la Banque nationale, les primes de risques sont importantes pour deux raisons. D'une part, elles ont valeur de signal économique et doivent dès lors refléter de manière si possible non biaisée les risques sous-jacents. En outre, des primes de risques atteignant des valeurs extrêmes sont problématiques. Des corrections brutales et incontrôlées peuvent mener à des instabilités sur les marchés financiers et porter atteinte à leur fonctionnement. D'autre part, les primes de risque ont une influence sur le degré de restriction de la politique monétaire. Une augmentation des primes rend la politique monétaire plus restrictive. La stratégie de politique monétaire de la BNS qui met le Libor à 3 mois au centre de la mise en œuvre de la politique monétaire, tient systématiquement compte des variations des primes de risques.

Dans le contexte actuel, la politique monétaire s'apparente plus que jamais à une forme de gestion des risques: il s'agit de les évaluer et d'éviter les erreurs. Les perspectives de croissance et d'inflation restent incertaines, notamment parce qu'il est encore difficile de juger les conséquences de la crise financière. En outre, le cours du franc continue de poser un risque particulier pour la Suisse. Néanmoins, la situation de départ, caractérisée par une croissance économique robuste, des pressions inflationnistes faibles et une structure économique saine, est favorable. Ce contexte devrait permettre à la BNS de déterminer son action monétaire future de manière équilibrée. A cet égard, la BNS n'hésiterait pas à agir si l'évolution du franc devait menacer la stabilité des prix.