Répercussions de l'euro sur la Suisse et sur la politique monétaire de la Banque nationale suisse

Niklaus Blattner, membre de la Direction générale

Centro di Studi Bancari, Lugano, 22.10.2002

Depuis plus de trois ans et demi, l'Europe – et la Suisse en son sein – vit avec l'euro scriptural. La création de l'Union économique et monétaire a apporté des changes fixes et un niveau unique des taux d'intérêt dans la zone concernée. Les conditions d'une zone monétaire optimale n'ont vraisemblablement pas encore été atteintes, mais l'Union monétaire continuera à se développer.

Sous l'angle de la Banque nationale suisse (BNS), les expériences faites jusqu'ici avec l'euro sont avant tout positives, quand bien même le franc suisse s'est revalorisé quelque peu depuis l'introduction de la monnaie unique européenne (1999). Mais surtout, la Suisse est maintenant entourée d'une vaste zone monétaire qui poursuit des objectifs de politique monétaire semblables aux siens, en particulier pour ce qui a trait à la stabilité des prix. Les pays membres de la zone euro n'ont plus la possibilité de dévaluer leur monnaie nationale pour accroître leur compétitivité, et la volatilité des relations de change entre le franc et les monnaies des partenaires commerciaux européens de la Suisse a diminué considérablement.

Pour les entreprises suisses, la gestion des monnaies étrangères est devenue plus simple. Elles bénéficient non seulement de la baisse des coûts de transaction, mais également d'une plus grande transparence des prix et d'une plus forte compétitivité au sein de la zone euro. Simultanément, et malgré certaines craintes initiales, la Suisse a pu conserver l'avantage que lui donne un niveau bas des taux d'intérêt. On craignait également que l'euro ne supplante le franc en tant que moyen de paiement, ce qui est très peu vraisemblable.

La stratégie de politique monétaire de la BNS restera inchangée: La BNS continuera à mener une politique monétaire autonome, axée sur la stabilité des prix et sur les besoins de l'économie du pays. La Suisse pourra ainsi maintenir sans doute ses taux d'intérêt à un bas niveau. Des objectifs de cours de change ne sont pas compatibles avec la mission de la BNS, à savoir préserver à moyen terme la stabilité des prix. L'institut d'émission continuera néanmoins à attribuer une grande importance aux cours de change dans la fixation du cap de sa politique monétaire, étant donné que ceux-ci peuvent influer sur la santé de l'économie suisse.