Répercussions de l'euro sur la Suisse et sur la politique monétaire de la Banque nationale suisse

Niklaus Blattner, membre de la Direction générale

Swiss Bankers' Club, Berne, 11.02.2002

L'euro scriptural existe maintenant depuis plus de trois ans. Il a apporté des changes fixes entre les pays de la zone euro et un niveau homogène des taux d'intérêt. Le passage à l'euro fiduciaire aura des effets positifs supplémentaires sur l'évolution économique en Europe. Les conditions d'un espace monétaire optimal semblent ne pas être encore complètement remplies actuellement. L'union monétaire continue cependant à progresser.

L'euro est source de simplification pour une grande partie de l'économie suisse. Le commerce extérieur suisse bénéficie de coûts de transaction plus bas. Les pays européens qui ont adopté l'euro ne peuvent plus, pour accroître leur compétitivité, dévaluer leur monnaie nationale comme certains d'entre eux le faisaient auparavant. Sous l'angle de la politique monétaire suisse, l'avantage vient du fait que l'Europe est maintenant un grand bloc économique dont la politique monétaire vise des objectifs identiques aux nôtres. La relation de change entre le franc et l'euro devrait être plus stable que celle qui existait autrefois entre le franc et le mark allemand. Il faut toutefois encore s'attendre à des fluctuations des cours de change, comme l'ont montré les événements qui ont suivi les attentats terroristes aux Etats-Unis. L'introduction de l'euro fiduciaire va sans doute accroître l'utilisation de l'euro comme moyen de paiement en Suisse, notamment dans la restauration et l'hébergement, dans le tourisme et dans le commerce extérieur. Mais l'euro ne deviendra pas une véritable monnaie parallèle. Les contrats de travail et de crédit seront conclus pour la plupart en francs suisses, à l'avenir également, et la très grande majorité des paiements intérieurs se fera, comme aujourd'hui, dans notre monnaie nationale.

La stratégie de politique monétaire de la BNS reste inchangée: La Banque nationale continue à mener sa politique monétaire autonome, axée sur les besoins de l'économie suisse et sur la stabilité des prix. Le niveau des taux devrait rester bas en Suisse. Des objectifs en termes de cours de change sont incompatibles avec le mandat de la BNS. Les cours de change demeurent cependant un élément de poids dans l'établissement des prévisions d'inflation. La BNS continuera par conséquent à attribuer une grande importance aux cours de change dans la fixation du cap de sa politique monétaire.